Le travail de Federico Rios Escobar nous plonge dans la périlleuse jungle du Daríen, une étendue de jungle d’une centaine de kilomètres sans route, qui relie l’Amérique du Sud à l’Amérique centrale. Depuis une quinzaine d’années, elle est devenu le symbole d’un périple désespéré semé d’embûches mortelles pour rejoindre les Etats-Unis et le Canada : en 2022, près de 250 000 personnes, dont 33 000 enfants ont entrepris le voyage à travers cette jungle. En 2023, ils ont été près de 400 000 à tenter de traverser la région. En 2024, ils seront plus d’un million.
Ce n’est pas une région facile. Et ces gens n’ont pas l’habitude de marcher dans la jungle. La plupart viennent des villes et de tellement loin, qu’ils n’ont jamais vu autant de vert. Il y a des pluies, de nombreuses collines à monter et redescendre. Il y a de fortes chaleurs. La plupart souffrent de déshydratation. Avec les pluies, les rivières montent très vite, les emportent et en tuent certains.
Quand vous montez ou descendez une pente boueuse, vous pouvez facilement vous casser un orteil ou un genou. S’il y a un mort dans la jungle, la jungle l’avale rapidement. Quand on traverse le Daríen, on voit beaucoup de corps et on sait que personne ne va s’en occuper.
Il y a des gens du monde entier qui essaient d’atteindre les Etats-Unis et le Canada. En 2022, la grande majorité des personnes qui ont franchi la région du Darién étaient des Vénézuéliens, souvent exténués par des années de chaos économique. Mais parmi les migrants qui traversent la jungle, ils sont nombreux aussi à venir de Cuba, d’Haïti, d’Équateur et du Pérou.
Les afghans font également partie de ce flux migratoire. Ils quittent, ils fuient leur pays et tentent de se réfugier en Iran ou en Turquie. De là, ils trouvent un moyen de prendre un vol pour le Brésil car le Brésil leur donne un visa humanitaire. Mais les salaires au Brésil sont très bas. La plupart des afghans ne parlent pas portugais. Ils sont donc obligés de continuer à migrer vers le nord, pour trouver de meilleurs salaires et une langue qu’ils maitrisent mieux.
Ces personnes partagent plusieurs choses en commun. Tout d’abord, le désespoir, le manque d’espoir. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient dans leur pays d’origine. Ils fuient la violence, la pauvreté, la faim. Certains sont des migrants climatiques. Mais en même temps, ils partagent un esprit de solidarité, même entre des migrants chinois, africains, afghans et latino-américains qui ne sont pas capables de se parler entre eux.
Lorsqu’ils boivent une gorgée, prennent une bouchée, ils regardent autour d’eux pour voir si quelqu’un est dans le besoin.
On peut les voir porter les enfants d’autres migrants ou se tenir la main pour faciliter le chemin.
Le gouvernement américain fait tout son possible pour bloquer cette voie. En avril, les États-Unis et leurs alliés dans la région ont annoncé une campagne de soixante jours pour tenter de mettre un terme à ces mouvements illicites de personnes. Le gouvernement américain a également imposé de nouvelles règles qui rendront plus difficile l’entrée aux États-Unis pour tous les demandeurs d’asile, y compris les Afghans.
Aujourd’hui, plus de quatre-vingts nationalités tentent ce voyage périlleux à destination des États-Unis, risquant tout dans l’espoir d’un meilleur avenir pour leur famille.
Federico Rios Escobar avec sa série intitulée Le chemin de la dernière chance a reçu le Visa d’or Humanitaire du CICR en 2023.
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